Elle se rappelait de ce jour comme si c'était hier, sans doute qu'elle est la seule à s'en rappeler, mais c'est ce genre de chose qu'elle n'oublie pas, elle. C'est dans ses habitudes, il y a forcément des choses qui marquent plus que d'autres.
C'était son premier exposé toute seule et elle s'était vraiment donnée à fond, de toute façon à cette âge, tout le monde se donne à fond. On veut impressionner les autres, on s’entraîne à ne pas bafouiller, on relie encore et encore pour remarquer nos erreurs. C'est ce qu'elle avait fait, elle trouvait son exposé plutôt court, mais il avait eut l'impact voulu, le petit blond du troisième rang avait adoré ! Il l'avait regardé avec un grand sourire aux lèvres pendant qu'elle parlait du fameux monstre de ce fameux lac du pays voisin. Même, en sortant de la salle il lui avait dit "Il était trop bien ton exposé !". Elle avait été contente, elle s'était donnée du mal et il avait aimé.
En regardant ce lac aujourd'hui, elle se rappelle son enfance. Sa naïveté, ses amours de primaire débiles. Puis elle se dit que finalement, l’insouciance c'était presque bien, l'innocence c'était presque bien. Presque parce qu'elle ne souffrait pas de ne pas savoir, de ne pas comprendre; mais aussi ne pas savoir c'est nul, on a l'air débile, sans même le savoir. Enfin vu qu'on est pas le seul débile, on parait un peu moins, finalement. Elle est contente d'avoir grandi, d'avoir vécu toutes ses choses, mais maintenant, elle veut que ça s'arrête, elle ne veut pas devenir vieille, mourir.
Il y a des jours comme ça, ou elle repense à tout, la vie, les choses. Mais elle s'arrête, comme ça, à un moment tout en se disant "Si je continue, je vais trop penser.".
De toute façon, son pokémon à la main, elle ne risquait pas de penser trop longtemps, il n'était pas du genre très patient. Ils avaient décidés de faire une petite sortie, parce qu'il fallait bien décompressés, même si en fait, même le travail n'était pas fatigant, quand ils étaient ensemble.
Sunny, regardait son reflet dans l'eau, il secoua la main pour saluer sa dresseuse. Elle fit de même et à travers le miroir ils se regardèrent, elle lui sourit, puis le prenant dans ses bras se laissa tomber sur l'herbe.
« Sunny, tu veux faire quelque chose de particulier ? Je suis venue ici pour toi, alors tu choisies ! Par contre, je te préviens, je ne vais pas me baigner, tu devras attendre l'été pour ça mon cher. »
Il écarquilla les yeux, puis les baissa déçus.
« Tu peux aller te baigner tout seul, si tu veux.. »
Il fit non de la tête et bonda regardant ses plumes. Après quelques secondes, il releva la tête et afficha un large sourire qui signifiait "J'ai une idée !". Un de ses sourcils se remonta et sans avoir le temps de demander, le petit Psykokwak sauta d'un bond sur ses deux pattes et sur la pelouse fraîche, commença à danser.
« Euh.. ? Devant tout le monde ? ... »
En fait, ce n'était pas réellement une question, enfin plutôt s'en était une, mais elle n'attendait pas de réponses. Elle se releva et essaya de copier son pokémon.
Ce matin, elle avait eut tellement froid en sortant du lit qu'elle avait pris une grosse écharpe et un bonnet à pompon. Maintenant, elle n'avait plus froid du tout. Au contraire, les pas de danse lui réchauffer jusqu'au nez !
Aoi avait toujours fait attention aux gens autour d'elle, elle les regardait, les dévisageait, une sale manie. Quand elle s'était arrêté de danser, trop essoufflée d'avoir chanté en même temps, elle s'était assise sur un banc et avait regardé les gens. Sunny aussi aimait bien ça, il regardait les passants un à un. Juste en croisant quelqu'un on pouvait remarquer beaucoup de chose sur sa façon de vivre, ses habitudes, son statut. Ils trouvaient ça très amusant.
Alors qu'il y avait de moins en moins de gens à regarder, la jeune fille aperçut au loin, un membre du personnel de l'académie. Elle ne put s'empêcher de le faire remarquer à son Pokémon, qui s'empressa d'aller à sa rencontre. Elle le courut après, mais décidément aujourd'hui, il était décidé à s'amuser et être poursuivit ressemblait beaucoup à un petit jeu de primaire que Sunny aimait déjà beaucoup, sans le savoir.
L'homme semblait perdu dans ses pensées, sans doute était ce un de ces jours où il pense aussi. Psykokwak s'arrêta devant lui, sa dresseuse l'attrapa et trop près de lui maintenant, il remarqua sa présence et la regarda.
«Bonsoir...Aoi, n'est-ce pas ? N'étant pas prof, je ne connais pas vraiment les élèves. »
Elle sourit simplement et répondit le plus naturellement possible.
« Oui, je m'appelle Aoi... Par contre, je n'ai pas une grande mémoire pour les prénoms. »
Cette fois-ci, c'était belle et bien une question. Mais elle essayait d'achever la conversation au plus vite, elle avait l'impression de l'avoir dérangé. Cependant, elle ne put s’empêcher de le regarder de haut en bas et de la tête au pieds. Il était grand.
Un pétard stoppa ses pensées, elle le regarda de nouveau dans les yeux, impatiente et curieuse à la fois.