Connaissez-vous l'ironie du sort ? Oui, non ? Peu m'importe votre réponse, je m'en vais vous l'expliquer dès maintenant.

Je me nomme Eliott Campbell. Enfin, normalement, je ne m'apelle pas. Je vous explique : Dans ma famille, il y a toujours existé un rapport de maître/domestique, et ce, depuis plus de deux siècles. Une riche et noble famille avait, jadis, acheté la mienne, les Campbell, pour les sauver d'une énorme dette. Pour les rembourser, nous avions dû leur jurer fidélité, et les servir en tant que domestique. Eh bien je peux vous dire que cette dette perdure encore aujourd'hui. Et la tradition de domestique avec, évidemment. Je suis né dans ce stupide et dénigrant environnement. Je ne m'appelle pas. Mon nom n'est pas Eliott. Je n'en ai pas. J'ai des surnoms, par contre : Serviteur ! Domestique ? Viens par ici, toi ! Il fait n'importe quoi, lui...

Ma vie, c'était les murs de ce manoir. Cet énorme, cet immense, ce luxirieux manoir. Et c'était aussi la vie de mon frère cadet. La seule différence était que lui, contrairement à moi, était doué dans tout ce qu'il faisait. Il avait des mains en or, d'après les dires. J'étais vachement moins doué... et la constante comparaison à mon frère ne me motivait pas des masses. Je détestais travailler pour ces stupides bourgeois. . . Je détestais cette position de soumis. Je voulais enfin devenir... quelqu'un.

Et mon frère, dites-vous ? Pfff, laissez-le un peu tranquille, celui-là. Pourquoi tout le monde s'intéresse toujours à lui ? Eh, ici, c'est MON histoire, que vous lisez. Pas la sienne. Pour tout vous dire, je ne le voyais presque jamais. J'en entendais juste parler. Tant mieux, d'ailleurs. Je ne le supportais plus. D'ailleurs, dans mes dernières années au manoir, je ne l'ai plus du tout revu. Pourquoi ? J'en sais rien... Muté vers un autre manoir de la famille, peut-être ?

Un grand évènement bouleversa ma vie à mes 13 ans. Je devins enfin une demi-personne. Je fut adopté. "Adopté ?". Oui, oui. Adopté, je peux utiliser ce terme. La famille que je servais avait une fille de... d’environ mon âge, je pense. Celle-ci s'était prise d'affection pour moi, je ne sais par quel moyen. Donc elle avait décidé de m'"adopter" en tant que majordome attitré. Mis à part mes parents et mon frère, elle fut la première à m’appeler Eliott. Arrêtez de me regarder avec ce regard de mépris. Quand on vous traite comme un élément du décor depuis plus de 10 ans, c'est déjà une grande avancée que de se faire appeler par son prénom.

Elle était plutôt sympa, la fille à papa que je devais appeler "Mademoiselle"... Non, franchement, nous nous apprécions énormément. Elle ne me traitait pas uniquement comme un domestique. J'étais son ami. Un des seuls d'ailleurs, parce que si moi, j'étais enchainé par mes devoirs de domestique, elle l'était encore plus de par son rang. Soit les enfants de son âge la méprisaient, soit c'était ses propres parents qui lui interdisaient de parler avec untel ou untel. "La belle vie", quoi. Et comme l'habit ne fait pas le moine et qu'on ne change pas un homme d'un claquement de doigt, je restais la petite tête brûlée que j'ai toujours été. Et à l'abri des coup dur de la vie, ma petite maîtresse se laissait facilement influencer par moi pour faire les 400 coups. Mais un jour, cela me couta cher.

Oui... Un jour, j'avais réussis à la convaincre de sortir du manoir pour explorer les environs. Sans surveillance externe, c'était interdit, et je n'avais pas cherché à comprendre pourquoi. Tout ce qui est interdit est excitant. Mais, à l'orée de la forêt, nous nous sommes fait attaquer par un Nidorino. Ma jeune maîtresse fut empoisonnée par une entaille reçue de la corne du pokémon. Elle était faible quand je l'ai ramené au manoir. Un vrai cauchemar. Elle fut sauvée de justesse grâce au médecin de la famille mais je fus accusé, pas à tort je le reconnais, de la blessure et du danger encouru. La jeune fille plaida ma cause et m'évita ainsi bien des réprimandes mais la famille me "banni", me rejeta. Je dû quitter la demeure. Mon coeur se brisa quand j'appris que je ne la reverrai plus jamais. Pire encore quand je fus informé que c'était dorénavant mon frère qui serait son nouveau majordome. Aujourd'hui encore, j'en garde une rancune tenace...
Q-Qu'est-ce que vous dites ? Amoureux, moi ?! Qu... Non, bien sûr que non. J'avais développé une grande affection et une immense amitié à son égard, mais en aucun cas je ne pouvais être... amoureux... Hum, bref !
J'avais 16 ans, je voulais être autonome. Résultat, je dû me débrouiller seul pour survivre.

Après cela, je pris peu à peu goût au vol. C'était rapide, cela permettait d'avoir ce que l'on voulait, surtout pour vivre et c'était simple. Le but du jeu était de ne pas se faire attraper. Des années plus tard, je découvris que le vol de pokémon, c'était bien, aussi. Cela payait très bien, même. Pour ceux qui se poseraient une question particulière, je vais y répondre de suite. Non, les fréquentations que j'avais n'étaient pas recommandables. [sourire narquois] Surtout quand on ne leur apportait pas la marchandise voulue. Et les pokémon ? Non, je n'avais aucune pitié pour ces créatures. Elles avaient faillit tuer ma jeune maîtresse. Grâce à mon commerce, j'obtins une petite réputation à travers la région de Utopia, et un surnom : "L'ombre de l'utopie". Néanmoins, personne ne connaissait le vrai visage du voleur, je jouais une double vie. Puis les exploits de la Team Galaxy eurent raison des miens. On ne parlait plus de moi.

À mes 21 ans, la chance sembla me sourire. Je m'infiltrais dans le laboratoire d'un professeur et y volait une pokéball installée dans une machine. Lorsque je l'ouvris, qu'elle ne fut pas ma surprise de découvrir un magnifique Salamèche jaune ! Une perle des plus rares, un pokémon de choix qui pouvait me rendre riche ! Je trouvais rapidement un acheteur par vokit, comme à mon habitude, et me rendais au point de rendez-vous, à l'orée d'une forêt. Là-bas, un étrange homme m'attendait. Au lieu de procéder à l'échange comme convenu, il sortit une pokéball dès qu'il m’aperçut et engagea un combat. De toute ma brève carrière de voleur, je n'avais jamais prévu une telle chose, et mes pokémons étaient trop faibles pour tenir. Après m'avoir flanqué une cuisante défaite et m'avoir gentiment tabassé comme il le souhaitait, l'homme se présenta à moi comme l'un des chefs de la Team Galaxy. Vous le devinez, à présent ? Oui, c'était mon prédécesseur. Il m'expliqua qu'un voleur seul était plus souvent exposé aux situations telles que celles je venais de subir qu'un groupe. L'union fait la force, comme on dit. C'est cette philosophie qui le rendait aussi dangereux et charismatique. J'acceptais sans hésiter son invitation à rejoindre la Team Galaxy et recevait mon premier pokémon officiel : Malosse.

Les années passèrent et mon engagement et mon engouement finirent par porter leurs fruits car je me retrouvais dans le groupe de tête de la Team Galaxy à 24 ans. Un an plus tard, je me portais volontaire pour partir sur l'île Utopia. Entre temps, j'avais appris que mon frère avait lui aussi tracé son propre chemin et avait battu la ligue pokémon. Il était lui aussi sur l'île. Un terrain de choix pour notre bataille finale. Depuis tout petit, il m'avait toujours dépassé en tout. Mais aujourd'hui, j'étais le plus fort. Je le savais. Et j'allais le lui prouver.

J'étais né domestique, je suis maintenant l'un des chefs d'une grande mafia criminelle dont la puissance ne cesse de croître. La voilà, l'ironie du sort.